Titre provocateur ? En tout cas, il rappelle peut-être à certains l’étude (ennuyeuse?) de quelques tragédies raciniennes au lycée. Oui, dans le roman, allusion est faite à l’empereur de Rome : Titus. Titus qui aimait Bérénice mais décida de rompre avec elle pour respecter la loi romaine qui interdisait d’épouser une étrangère . Et, quelques siècles plus tard, une autre Bérénice est quittée par son amant, Titus. Brisée de chagrin, Bérénice essaie de se reconstruire, non pas à l’aide des paroles banales de son entourage mais en se plongeant dans les alexandrins de Jean Racine. Pourquoi Racine ? Sans doute parce que l’héroïne a tendu l’oreille à un vers du dramaturge qui lui en rappelle d’autres ; n’est-il pas vrai que Jean Racine a parlé, comme personne , des chagrins d’amour ? Serait-il un frère de douleur ? Elle décide alors de lire ou de relire les tragédies, s’immerge dans les douze pièces. Bérénice fuit sa vie, son époque et se laisse emporter par l’écriture particulière que Racine a créée ; elle imagine la vie du dramaturge, enfant, ami, parent, amant. Racine l’accompagne. « Si elle comprend comment ce bourgeois de province a pu écrire des vers aussi poignants sur l’amour des femmes, alors elle comprendra pourquoi Titus l’a quittée. »
Nathalie Azoulai raconte UNE vie de Racine, courtisan de Louis XIV et rival de Corneille. Elle imagine les années à Port-Royal, l’étude des oeuvres de l’Antiquité, les maîtres jansénistes, les ambitions, les amours, les doutes et les souffrances du dramaturge. On lit ce roman comme une enquête passionnante – non comme un roman historique- sur le poète tiraillé entre la rigueur et le soleil. Sans conteste, l’auteure rend la chair sous le marbre.
Cécile