SUMMER de Monica Sabolo

Summer est la soeur du narrateur. Benjamin, vingt quatre ans après la disparition de sa soeur ainée adorée lors d’un pique-nique auquel il était présent au bord du Lac Léman, se trouve soudain submergé de rêves et d’images d’eaux profondes, de créatures, de plantes et de poissons inquiétants, et de la jeune fille disparue.  « Summer, les yeux grands ouverts… Des poissons surgissent de l’obscurité… Ils l’enlacent, se mêlent à ses cheveux qui se déploient, de plus en plus longs et amples dans le courant. Je veux tendre les bras , mais je suis paralysé, ou je ne suis pas là, et, les poissons tournoient, ils tissent autour d’elle un filet impénétrable, et bientôt elle est entièrement emmaillotée, ses cheveux continuent de danser dans l’eau mais son corps a disparu. » Après toutes ces années où, en fait, bizarrement, il pensait peu à sa soeur, des images obsessionnelles, le hantent, des vertiges et des crises de panique le prennent ; il ne s’est jamais remis de la disparition de sa soeur . Il consulte le docteur Traub ; Benjamin, tente alors de reconstituer un puzzle : les parents, les amis, les soirées mondaines « vertigineuses », les copines de Summer, le drame, les recherches… et mène « un combat silencieux ».  Nul ennui à lire ce roman éponyme ; au contraire, on découvre – parfois en même temps que le narrateur – des secrets, des failles dans cette famille respectable et respectée ; souvenirs de collège, d’été, de scènes familiales remontent à la surface (sans jeu de mots!) ; le mystère grandit et le narrateur progresse dans le décryptage de ces images, de ce passé retrouvé. Après une enfance pas très facile (« Il y avait aussi cette vague angoisse, lointaine mais palpable, que je n’étais pas des leurs. ») et deux décennies de vie morne et dépressive,  le « petit frère », apparemment indifférent à tout – en tout cas très perturbé – reprend sa vie en main, ose enfin poser des questions, gratter un peu le vernis social de sa famille. Des voiles se lèvent enfin. On peut parler de suspense à propos de ce roman… et de poésie aussi.

« J’entre dans l’image, je plonge à l’intérieur, dans un travelling optique, et je m’approche, tout près de Summer.

Je sais que je m’approche du centre de la terre, cette chose dure et terrifiante, enfermée sous des strates rocheuses qui s’empilent les unes sur les autres depuis l’origine des temps. »

C’est le premier livre de Monica Sabolo que je lis … sans doute pas le dernier!