TANT QUE LE CAFE EST ENCORE CHAUD de Toshikazu Kawaguchi

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais les titres comme celui-ci – Tant que le café est encore chaud –  c’est à dire un peu à rallonge, consistant pourtant en des phrases incomplètes, ne m’attirent pas ; les titres courts, qui claquent, ont ma préférence ; certes, c’est un détail ! je n’ai pas rechigné à lire ce livre qu’on m’a offert. Le roman est adapté d’une pièce de théâtre du même auteur. Unité de lieu : l’histoire se passe dans un petit café dans un sous-sol de Tokyo ; décor sobre : une pièce peu éclairée, trois grandes horloges murales indiquant des heures différentes, peu de tables dont une occupée par une femme fantôme qui, lorsqu’elle s’absente momentanément, peut permettre à la personne qui prend sa place de se rendre dans le passé, le temps de boire une tasse d’un délicieux café ; c’est la légende qui court sur le Funiculi funicula ; et, bien que les règles soient très contraignantes et surtout qu’il n’y ait aucun espoir de modifier le présent, quatre personnages veulent pour des raisons intimes, vivre tout de même l’expérience qui, pourtant,  ne dure que quelques minutes (tant que le café est chaud!).

Dans une forme théâtrale – des tableaux – on fait connaissance avec une poignée de personnages, le patron de l’établissement, sa femme, une serveuse, trois clients ; au début de l’histoire, on est en droit de se demander si ce huis clos un peu étrange ne va pas nous ennuyer ; puis, on s’attache à chacun des personnages, surtout ceux qui désirent voyager dans le temps (quatre femmes précisément) en découvrant leurs sentiments, leurs hésitations, leurs regrets, leurs drames personnels. Légèreté et émotion sont de mise mais aussi la complexité et la profondeur des personnages qui, comme les lecteurs, ont l’occasion de s’interroger sur le temps présent qu’il faut peut-être davantage savourer.  Ce roman dépayse et permet d’ailleurs, de découvrir des aspects de la civilisation japonaise, par exemple le festival Tanabata (« On choisissait également parmi sept ornements de papier – bandelette, kimono, grue, etc. selon le type de souhait que l’on voulait y inscrire ; réussite aux examens, santé et longévité ou encore prospérité en affaires, puis on accrochait l’élément sélectionné à une branche de bambou pour que le voeu soit exaucé. »)