JUSTE LA FIN DU MONDE – LA PIÈCE

         JUSTE LE FIN DU MONDE, c’est le titre du dernier film de Xavier Dolan (sortie nationale le 21 septembre) et bien sûr le titre d’une des pièces de JEAN-LUC LAGARCE, dramaturge français trop tôt disparu et pas assez connu de son vivant. Quelles surprises nous réserve l’adaptation cinématographique de la pièce de Lagarce écrite en 1995 aux thèmes intemporels (l’amour, les conventions familiales, les conflits, la mort, le remords, la difficulté de se comprendre…)? Certes, JUSTE LA FIN DU MONDE suit une trame minimaliste – Louis, après une longue absence, revient passer un dimanche avec sa famille et a prévu d’annoncer une nouvelle grave, il repartira sans avoir rien dit – pourtant le lecteur est suspendu à la parole des personnages car dans cet exemplaire de « théâtre-récit », de comédie sarcastique, ce qui est passionnant, c’est l’avancée à tâtons de chacun  dans le langage (le frère, la soeur, la mère…). Chaque personnage joue ou rejoue sa place au moment où il prend la parole ; ce qui est important, c’est ce qu’on dit du passé, des drames et le langage s’élabore en direct, c’est une écriture en marche: hésitations, rectifications, reprises, anticipations sur les réactions des autres, excuses…, lors des affrontements ou monologues (Louis.- Au début, ce que l’on croit- j’ai cru cela- ce qu’on croit toujours…). La langue de Lagarce illustre la difficulté de communiquer, la peur de ne pas être compris. Sans cesse, les personnages essaient de préciser leur pensée mais ne parviennent  pas forcément à dissiper le malaise (Antoine à Louis.- « … lorsque tu es parti, lorsque tu nous a quittés, lorsque tu nous abandonnas…). Théâtre de paroles, JUSTE LA FIN DU MONDE et d’autres pièces de Jean-Luc Lagarce laissent une grande liberté au metteur en scène. Après la relecture de la pièce, on peut se demander quels jeux d’acteurs  a prévus Dolan, cinéaste perfectionniste…

Cécile