LES FRUITS TOMBENT DES ARBRES de Florent Oiseau

La nuit, il n’est plus question de tolérer le temps qui passe. La moindre seconde qui file est une seconde que l’existence me vole… Aujourd’hui, j’ai vu un cadavre… je n’y étais pas préparé, je me pensais plus armé. L’air était très froid, et le cadavre, très mort…  Ces quelques phrases extraites de l’incipit du roman de Florent Oiseau mettent le lecteur au parfum. Le narrateur, entre deux âges, oisif,  séparé, père d’une adolescente, ne fait rien mais philosophe sur à peu près tout. A la fois ironique, désabusé et admiratif du banal ; on ne peut pas dire que sa vie bascule lorsqu’un voisin décède brutalement à un arrêt de bus mais tout de même, Pierre entre alors dans une phase de questions existentielles, erre dans Paris , essentiellement à bord d’un bus de la ligne que devait emprunter le défunt ; même s’il ne mène pas à proprement parler une enquête, il s’intéresse à la vie du défunt, à ses dernières heures ; cette déambulation est alors l’occasion de rencontres diverses, de découvertes (parfois surprenantes) à propos de certaines personnes , et de leur(s) secret(s). Pierre contemple ses contemporains et observe moult détails de la vie moderne avec ironie et/ou cynisme. Des passages émouvants ou nostalgiques alternent avec des propos incisifs. Parfois on peut s’étonner de l’émerveillement du personnage devant des petites choses, jamais on ne s’ennuie et plus d’une fois on sourit à l’humour noir. L’épisode de la mayonnaise réalisée pour « l’actrice française la plus célèbre de notre pays au début du siècle » est jubilatoire.

Le ton et le style de Florent Oiseau m’incitent à lire d’autres romans de l’auteur : Les Magnolias, Je vais m’y mettre…