MON VOISIN de Milena Agus

Je relis MON VOISIN, une gourmandise! Milena Agus, dans ce court roman, nous emmène à nouveau en Sardaigne (BATTEMENTS D’AILES, MAL DE PIERRES, QUAND LE REQUIN DORT…). Avec l’art de la concision qui la caractérise, elle met en scène quatre personnages en quête d’amour : la jeune femme abandonnée qui cogite sur la meilleure façon de s’envoler « sur une planète plus accueillante que la nôtre »; SON PETIT MUET, qui ne tient pas debout tout seul mais qui est sage et fait fête à tout nouvel ami ; LE BEAU VOISIN, terrorisé par la maladie et la mort, qui jaillit sur le mur couvert de lierre et de glycines, sous son balcon à elle, « tel un chevalier triste de retour des croisades »; LE FILS DU VOISIN, capricieux, bavard et en manque d’affection. Ni ton dramatique, ni pesanteur liés à l’allusion au suicide, à la maladie, à l’abandon ; au contraire, le style léger, poétique, l’ironie parfois, permettent une lecture des plus agréables. On s’attache à ces beaux personnages, fragiles mais pleins de désir. Les promenades sous le soleil de Cagliari et les virées à la plage avec les petits, quelques apparitions du VOISIN et échanges sur l’existence ou la non-existence sont autant de moments de bonheur simple. ELLE pourrait bien en oublier de « perfectionner son suicide » et ne plus souhaiter « que les jours finissent vite ».
Milena Agus, comme dans ses autres romans, écrit une histoire sans mièvrerie, comme elle voit la vie, « misérable et merveilleuse » (cf. COMME UNE FUNAMBULE, qui suit le roman, texte sur son itinéraire d’écrivain).